Entretien de Laurent Bourdelas avec l'ONISEP
- Laurent Bourdelas (site officiel)
- 24 oct. 2017
- 3 min de lecture
1. Pourquoi êtes-vous devenu écrivain ?
J’ai commencé à écrire des poèmes dès l’âge de 6/7 ans. J’étais hypersensible, ce que l’on appelle aujourd’hui « intellectuellement précoce », et je dirais que j’ai toujours ressenti le besoin de m’exprimer par l’écriture. Mon premier travail d’écriture a été celui de la poésie, en vers libres ou en prose – sous forme de « fragments ». Même si je la pratique moins aujourd’hui, je ne l’ai pas tout à fait abandonnée. Ainsi Alan Stivell a adapté mon texte « Purple moon » sur son dernier album et les éditions d’art Ruiz réalisent début 2016 un livre d’artiste à partir de mon poème « Ashes ».
2. Comment êtes-vous devenu écrivain ?
Pour moi, « devenir écrivain » a d’abord consisté à beaucoup lire. Mes premiers textes – des poèmes – ont été publiés dans des revues, comme FRICHES, lorsque j’avais une vingtaine d’années. Puis j’ai proposé divers textes à des éditeurs, qui les ont refusés ou acceptés. Ecrire, pour moi, nécessite d’avoir des lecteurs (ce n’est pas l’avis de tous les écrivains), implique la nécessité d’un partage.
3. Ce n’est pas votre métier principal, pourquoi ?
En France, il est très difficile de vivre de sa plume. Seule une minorité y parvient. En moyenne, je perçois 8% de droits d’auteur sur le prix de vente de mes livres. Je trouve que c’est peu, même si je n’écris pas pour gagner de l’argent. En revanche, mon métier de professeur me laisse un peu de temps (de moins en moins) pour écrire.
4. En quoi consiste votre travail d’écrivain au quotidien ?
Tout dépend de ce que j’écris. Lorsqu’il s’agit de poésie ou de fiction, je me laisse imprégner par des sensations, des sentiments, des paysages, des mots, des faits, que j’utiliserai lors des phases d’écriture, qui sont irrégulières. Je note des bribes sur des carnets. J’aime bien écrire le soir, seul dans mon bureau. En ce qui concerne les livres d’histoire – en particulier d’histoire littéraire et culturelle –, il y a un important travail de documentation, de recherche (dans des archives, des bibliothèques, sur internet…) et l’écriture doit être plus régulière.
5. Qu’est-ce que vous aimez le plus dans ce travail ?
Beaucoup de choses diverses. L’effort d’écriture, la recherche du mot et de la phrase justes, le travail du style. Tout cela dans l’intimité de mon bureau, en utilisant le vieux dictionnaire de 1913 de mon arrière-grand-père Emile, face à des photos, des oeuvres d’art… La recherche, car j’apprends en permanence. Le contact, aussi, avec la presse et les lecteurs, après publication.
6. Et le moins ?
Il y a peu de choses que je n’aime pas si ce n’est, peut-être, la fastidieuse mais nécessaire correction des épreuves.
7. Quelles sont, selon vous, les qualités à avoir pour être écrivain ?
Je ne sais pas si l’on peut parler de qualité, mais il faut « savoir écrire ». Je ne suis pas certain que ce soit donné à tout le monde. Il faut être obstiné, ne pas abandonner, mais savoir douter de soi, de son écriture, chercher le meilleur. Savoir être solitaire, face à soi-même. S’abstraire du monde, des connexions diverses, des « réseaux sociaux », etc.
8. Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui souhaitent devenir écrivains ?
D’abord : lire énormément, de tout. Les grand(e)s auteur(e)s, de toutes les époques. Travailler l’orthographe et la grammaire, inlassablement. Ne jamais se décourager, aller jusqu’au bout. « Tester » ses textes sur des proches. Pourquoi pas contacter un autre auteur pour lui demander conseil (mais certains sont très sollicités). Ensuite, envoyer ses textes les plus aboutis à des revues ou à des éditeurs, après avoir bien identifié ceux qui correspondent à ce que l’on écrit (et ne jamais payer pour être édité).