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A propos de L'Ivresse des rimes (Stock) :

" Fier Limougeaud, écrivain délicat, historien, et poète à ses heures, lui aussi, Laurent Bourdelas nous offre en 160 pages une fête de saison. Quoi de mieux, pour se remettre des excès de cette fin d’année que d’assister, depuis son fauteuil, aux noces des poètes et du vin? Il concentre son propos sur le XIXe siècle, ce qui est déjà beaucoup, et très original, quand on y songe (...) Bourdelas a de la plume, il sait conter, on peut dire que son livre se laisse boire avec bonheur. Et son propos est toujours d’une intelligente sobriété. Pas ici d’ode de carabin à la bibine, pas de gaieté forcée d’ivrogne (...)" François REYNAERT, Le Nouvel Observateur

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A propos de Locmalo (Gros Textes) :

Laurent Bourdelas nous a habitué à bien. Avec « Locmalo » il aboutit à mieux au sein même un exercice périlleux. Celui de la chose vue qui nécessairement oscille entre le descriptif et le nostalgique. Il arrive même que l’auteur quittant Broceliande note de manière laconique « je suis reparti mélancolique ». Pourtant pour évoquer la Bretagne ses sables du temps et ses archives de granit l’auteur - affronté à tous les lieux de cette chair tellurique mais aussi d’air, de marées et de vent - trouve le langage conséquent afin de transformer les lieux en ce que Bachelard nommait "la maison de l'être". On ne peut que partager les visions (plus que contemplations), les invocations (plus qu’évocations) que le poète développe juste ce qu’il faut. Ses vignettes ne tolèrent aucunes faiblesses. Elles témoignent d’un stoïcisme propre à cette terre entêtante et mystérieuse en ses côtes jusqu’en ses landes. Par fragments Laurent Bourdelas donne une leçon de vie. Mais il propose aussi le martèlement sourd, sans la moindre fioriture, de ce qui pourrait être une suite de tables de la loi existentielle. Rien n'est dit que dans l’événement choisi par-delà l’anecdote comme emblématique. Chaque « histoire » reste en bascule entre terre et mer et entre sentiments disparates comme en témoigne ce paragraphe : « Toujours revient le bateau de Groix où mon fils fut conçu ou presque. Les passagers sont tristes, voici la terre ferme ». Dans une telle approche l’aporie joue son rôle et le livre reste du même tonneau, de la même tonalité jusque dans les peintures évoquées en fin de livre. Soudain les jacinthes deviennent abstraites et les alignements de Carnac deviennent un « fleuve étrange ». À qui ne connaît pas encore la Bretagne ce texte sera une invitation au voyage. A qui la connaît il offre une autre vision, une rumeur qu’on ne soupçonnait pas. Bourdelas reste fidèle à sa poésie essentielle dans son mouvement de retour réflexif sur l'existence. Il trouve des mots capables de peupler nous seulement les lieux mais ce dont ils sont nourris pour mieux nous habiter. « Locmalo » est donc un texte dense. Il donne des raisons de s’apaiser à qui sait soulever le voile des apparences. Le poète y rappelle à qui n'est plus capable de son pays de trouver des territoires qui permettent de le faire tenir vers le temps sans images. Avançant douloureusement et sereinement vers au milieu de ses propres anciennes images, l’auteur les prolonge d’un écho vers celui qu'il est devenu à travers elles. Ajoutons que Bourdelas reste un des rares poètes qui tordent le coup à l'effusion lyrisme. Il tend son écriture vers une fraternité sans fioriture et au cœur de la splendeur du monde dans sa dureté comme dans sa fragilité.

 

Jean-Paul GAVARTD-PERRET, Incertain regard

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